LES DEHORS

Charles Guilbert 

LES DEHORS

  • Exposition
© Charles Guilbert, 2014—Galerie B-312—Photo : Guy L'Heureux

Charles Guilbert crée des assemblages de fragments narratifs qu’il présente sous forme de textes, de vidéos, de chansons, de dessins ou d’installations. Il y explore l’étrangeté du quotidien, le pouvoir des mots et les rapports humains. Ses réalisations, souvent issues de collaborations, ont été présentées dans des festivals, galeries et musées en Europe, en Amérique latine et en Asie. Au Québec, il a notamment présenté des installations au Musée d’art contemporain de Montréal (1997), à la Manifestation d’art internationale de Québec (2005) et à La Triennale québécoise (2008). En 2004, il recevait, pour l’ensemble du travail vidéo réalisé avec Serge Murphy, le Prix Bell Canada octroyé par le Conseil des arts du Canada. Ses œuvres vidéographiques font partie de plusieurs collections muséales au Québec et au Canada. Charles Guilbert, dont la formation est avant tout littéraire, a également publié trois livres : Les Inquiets (1993), Le beau voyage éducatif (2004) et Les bûcherons de l'impossible (2010).

9 octobre 2014 au 15 novembre 2014

—VERNISSAGE JEUDI 09 OCTOBRE 2014 À 17H30 Pour arriver à évoquer cette émotion ténue qu’est la présence au monde, il faudrait que je parvienne à produire des images en apesanteur, plus légères que des pensées sans cela, on pensera que je dessine des angoisses, des blessures, l’enfermement.—Mais c’est à une tâche impossible que je m’attelle, puisque que la volatilité de la présence s’évanouit sous le poids de la plus légère des images et que, dans celles-ci, états d’être et états d’âme irrémédiablement se confondent.—Longtemps, je ne dessine que des silhouettes humaines, habité par l’étrange désir d’épuiser cette figure déjà épuisée. Avec de l’encre noire, sur du papier blanc, j’en expérimente les conditions d’apparition et de disparition. Au bout d’un moment, je comprends que cette figure peut s’allier au fond de trois principales manières en se nouant, en se liquéfiant, en constellant. La forme des traits m’indique différents chemins de transformation.—Je comprends aussi que la présence au monde n’est possible que dans une certaine négativité, puisque indissociable de la présence du monde, d’un dehors qui cherche à se faire entendre.—Je rêve de tracés philosophiques complexes en m’étourdissant d’idées.«[...] le monde est fait de l’étoffe même du corps.» (Merleau-Ponty)« Cela m’advient aussi que je ne me trouve pas où je me cherche et me trouve plus par rencontre que par l’inquisition de mon jugement.» (Montaigne)—Je rêve de tracés poétiques simples en m’étourdissant de vers.« Nuit de quatre lunes/ et un seul arbre,/ avec une seule ombre/ et un seul oiseau.»(Garcia Lorca)« Entre la table et le vide/ il est une ligne qui est la table et le vide/ où peut à peine cheminer le poème.»(Juarroz)—Je griffonne dans le plaisir inouï de celui qui ne saura jamais s’il va au fond des choses ou s’il n’a rien à dire.

—CHARLES GUILBERT