PRATIQUE ARTISTIQUE
Depuis des années, le dessin et toutes ses possibilités expérimentales, intimes et expressives qui le caractérisent prennent une place prépondérante dans la pratique artistique de Farzaneh Rezaei. Son accessibilité et la simplicité de ses moyens en font un véhicule vraiment unique, lui permettant une grande proximité avec ses activités quotidiennes, mais plus encore avec la vie nomade qu’elle mène, alors qu’elle se déplace constamment entre Montréal, où elle vit, et l’Iran, son pays d’origine où elle se rend chaque année. De fait, accompagnant tant ses longs que ses brefs voyages, la pratique du dessin rend ses perceptions du monde. À la fois substance et surface, il convie à des explorations infinies. Le papier, plus qu’un support, devient un environnement qu’elle explore sous diverses formes. Son intérêt pour la matérialité s’étend aux pigments naturels, comme le safran, une épice typique et irremplaçable dans la culture culinaire iranienne. Chaque fois qu’elle revient à Montréal en provenance de Téhéran, sa mère lui en donne une boîte. Avec sa belle couleur jaune orangé, le safran est pour elle une vibrante évocation de l’univers iranien. Le choix de matériaux fait aussi référence à la recherche identitaire dans la culture visuelle persane. Son travail se joue comme lieu d’introspection du caractère contradictoire du phénomène de l’immigration. En même temps que l’éloignement de sa terre natale et de ses racines la peine, elle s’épanouit et commence à construire de nouveaux fragments identitaires dans le pays d’accueil. Ses œuvres cherchent à manifester cette double vie marquée par de multiples ruptures. Ses expériences vécues et ses sensations profondes dans le contexte de l’immigration fonctionnent comme moteur de création et son travail propose au spectateur de parcourir un univers fragmenté, marqué par la pensée nomade et migrante.