À tes dépens si tu te perds

RENÉE LAVAILLANTE

À tes dépens si tu te perds

  • Exposition
© Renée Lavaillante, Galerie B-312, 2009.

Originaire de Montréal, Renée Lavaillante est reconnue pour sa pratique du dessin qu’elle explore sous différentes formes, allant du dessin sur papier, au dessin-installation, au dessin in situ.—On a pu voir son travail lors de nombreuses expositions individuelles. Parmi celles-ci, notons, entre autres, Marcher - tracer : Rome et autres projets, Plein Sud, Longueuil (2008) ;  Travaux à l’aveugle, Galerie de l’université Korea, Séoul (2007) ; Je ne suis pas partie d’un seul, Galerie La Nube di Oort, Rome (2007) ; Jardin de Gabrielle, Sylviane Poirier art contemporain (2004) et Maison de la culture Marie-Uguay (2005), Montréal. —Elle a participé à plusieurs expositions collectives dont Faire comme si tout allait bien, Skol, Montréal (2007) ; Dessins de la Collection, Musée d’art contemporain de Montréal (2005) ; Anima, g-39 Gallery, Cardiff (2005) ; Passion et tourment, Musée des beaux-arts de Sherbrooke (2000) ; Le scénario visuel de la page, Bibliothèque nationale, Montréal (1999). —Au cours des dernières années, elle a également effectué plusieurs résidences d’artiste dont celles du Centre européen d’actions artistiques, Strasbourg (2001), du Studio du Québec à Rome (2005) et du Musée d’art moderne de Collioure, France (2006).

 

20 février 2009 au 21 mars 2009

—VERNISSAGE VENDREDI 20 FÉVRIER 2009 À 17H

La Galerie B-312 est très heureuse de pouvoir présenter dans sa petite salle quelques-uns des dessins de À tes dépens si tu te perds de Renée Lavaillante, un travail qu’elle a conçu alors qu’elle était l’invitée du Musée d’art moderne de Collioure.—Renée Lavaillante a commencé par demander à des randonneurs de la région de Collioure de lui décrire de mémoire le trajet d’une de leurs marches. Elle accumula ainsi bon nombre de tracés dont certains allaient servir de profils pour les dessins qu'elle nous présente ici. Ils rappellent un tracé cartographique, un relevé topographique, une coupe géologique ou encore une vue aérienne, mais ils sont surtout le fruit d’une posture de l’artiste envers l’acte même de dessiner.—Renée Lavaillante connaît et accepte la charge de tout dessinateur d’être assujetti à l’infernale dualité inhérente au tracement, qui unit jusqu’à n’en plus finir le papier au tracement et le tracement au papier. Celui-ci aura beau varier son geste en interposant, entre le tracement et le papier, tel ou tel modèle, réel ou imaginé, mort ou vivant, relevant d’une idée ou d’un processus, il restera encore l’exécutant de cette diabolique circularité. Telle est, en quelque sorte, l’aporie du dessin.—C’est là, au cœur de cette impasse, que le dessin de Renée Lavaillante commence, dès lors que l’artiste refuse de se laisser happer dans une frénésie du tracement, sans toutefois dénier ses incontournables protagonistes : le geste, le support de papier et le modèle qui s’interpose entre eux. C’est au modèle que Renée Lavaillante a choisi de s’abandonner, ou plus exactement, c’est au modèle qu’elle a choisi d’abandonner le tracement.—Tout l’enjeu, tout l’art de Renée Lavaillante pourrait-on dire, consistera à trouver le moyen de mettre le modèle au travail, à son insu, car c’est bien dans le regard de Renée Lavaillante qu’il sera d’abord et avant tout au travail. Ainsi en va-t-il dans les dessins de À tes dépens si tu te perds, pour lesquels Renée Lavaillante agit en se laissant guider par une voix dont elle souhaite qu’elle la conduise à saisir un paysage, dont le dessin est la figure d’un désir de voir plus que la représentation d’un quelconque référent.—C’est bien là, dans ce rapport dialectique entre actions aveugles et désir de voir, que À tes dépens si tu te perds aura trouvé sa raison d’être.

—JEAN-ÉMILE VERDIER