GUILLAUME LA BRIE
La sculpture au pied du mur
- Exposition
Guillaume La Brie a complété une maîtrise en arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal en 2007. Son travail a été présenté à Espace Virtuel en 2008, à AXENÉO7 et à la Galerie de l’UQÀM en 2007, à la Galerie Verticale Art Contemporain en 2005 ainsi qu’au Centre des arts actuels Skol en 2003. Il participait récemment au projet expérimental de groupe L’exposition en cours au Centre d’exposition Circa. Il a réalisé des interventions artistiques à Buenos Aires en Argentine en 2005 et à Santiago au Chili en 2003. Il obtenait en 2006 l’atelier-résidence de Barcelone, du Conseil des arts et des lettres du Québec. De 2000 à 2006, Guillaume La Brie a également collaboré activement au collectif Pique-nique.
—VERNISSAGE VENDREDI 09 JANVIER 2009 À 17H
La Galerie B-312 est heureuse d’accueillir dans sa grande salle La sculpture au pied du mur de Guillaume La Brie. L’exposition est composée de quatre grandes sculptures qui, rapportées les unes aux autres, s’interprètent comme les restes des cloisons d’un logement où les murs auraient été gagnés par une vitalité surréelle. Sous l’effet de celle-ci, ils se seraient déformés par eux-mêmes, s’effondrant ici, se chiffonnant comme une feuille de papier là, chevauchant des meubles, quand ils ne les auraient pas tout simplement incorporés. Un lieu se serait gauchi, imbriquant cloisons, meubles et objets les uns dans les autres. Poussés par le désir de comprendre ce qu’on voit, on s’approche, on contourne, on tente de déplier les amalgames et de reformer ce qui avait été peut-être un petit appartement meublé.—La Brie impose ainsi des œuvres où chaque détail se met à compter, de sorte qu’elles engendrent des parcours, pour le regard d’abord, et pour le corps ensuite. On découvrira alors un travail réalisé tout en précision : une minutie à l’œuvre, une application, un soin pour ajuster des formes, pour mimer des matériaux, pour décomposer puis recomposer des volumes, et modeler ainsi un environnement architectural inouï.—On reconnaîtra, ici et là, dans les plissures des œuvres, quelques-uns des moments de l’histoire de la sculpture : L’invention du ready-made, le primat du parcours sur la statuaire avec l’avènement de l’installation, les espaces négatifs comme matière à sculpture dont découlera d’ailleurs une accointance de la sculpture et de l’architecture.—La Brie réussit ici une véritable synthèse du fait sculptural. Et il suffit d’évoquer les Merzbau de Kurt Schwitters pour rendre raison à l’artiste d’en passer par le motif du mur et se donner ainsi les moyens d’évoquer la chose. Il ne faudra donc pas s’étonner de croiser au détour de sa visite quelque détail évocateur, comme cette copie à échelle réduite de la tête du David de Michel-Ange enserrée entre les mâchoires d’un serre-joint ; serre-joint qui se multiplie pour transpercer de toutes parts les cloisons dont les œuvres sont composées, comme s’ils étaient destinés à les abîmer, quand, simultanément, mais ailleurs, ils sont en train de pincer des parois de verre pour former un des igloos de Mario Merz.—Si Guillaume La Brie plie des cloisons sur elles-mêmes, sur les espaces qu’elles auraient dû circonscrire, sur les meubles que ces espaces auraient pu loger, c’est aussi pour nous donner l’occasion de plier sur lui-même l’espace-temps occidental de la sculpture, et ainsi nous donner accès non pas à une histoire linéaire de la sculpture, mais à la logique intrinsèque de l’art quand elle investit la sculpture : ne pas cesser d’être « l’anarchie de son propre système », pour reprendre les mots de Guillaume La Brie.
—JEAN-ÉMILE VERDIER