Aïda Vosoughi
Traverser les lignes, effacer les histoires : une autopsie d’un corps-paysage
Originaire de l’Iran, l’artiste canadienne Aïda Vosoughi vit et travaille à Montréal depuis 2014. Elle est détentrice d’un baccalauréat en arts visuels (2006) et d’un certificat en histoire de l’art contemporain de Téhéran (2009) ainsi que d’une maitrise en arts visuels et médiatiques de l’UQAM (2025). Elle a réalisé des expositions individuelles au Canada, en France, aux Pays-Bas et en Iran. Son travail a également été présenté dans plusieurs expositions de groupe, notamment au Musée des beaux-arts du Canada. L’artiste est impliquée dans le milieu artistique, par exemple en tant que membre du conseil d’administration de Skol (2020 à 2023), membre du comité artistique d’Adélard (2022 à 2024) ainsi qu’au sein du comité organisateur de la Grande mobilisation pour les arts au Québec (2024 à aujourd’hui).
L’artiste tient à remercier le Conseil des arts et des lettres du Québec, Espace Adélard et Gauthier Melin, Alexis Lepage, Alexandre Bérubé et Omer Moussaly.
Dans sa pratique artistique, Aïda Vosoughi travaille sur la notion du paysage. Depuis quelques années, elle aborde la frontière comme un des agents qui le transforme, en considérant notamment les mouvements migratoires. Le corpus d’œuvres présenté a été conçu suite à la réalisation de deux résidences, une à l’École d’art du Calaisis en France et une chez Adélard à Frelighsburg au Québec.—Elle a observé la situation engendrée par le resserrement de la frontière entre la France et l’Angleterre et est entrée en contact avec des migrants, entre autres. De retour au Québec, elle a créé un corpus d’œuvres pour témoigner de leurs récits, trop souvent oubliés, en commençant par s’intéresser aux falaises blanches de Douvres. Parce que le passage sur la Manche entre Calais et Douvres s’avère fortement surveillé et militarisé, les exilés doivent emprunter d’autres chemins, plus longs et dangereux, ils n’ont donc pas accès à l’impressionnant paysage. Par superposition de couches de peinture altérées par le sablage, l’artiste a peint les falaises sur dix panneaux constitués de bois de palette récupérée. D’un panneau à l’autre, elle rend l’image de plus en plus abstraite, avec quelques traces roses qui persistent, comme si cette couleur refusait d’être effacée.—Une peinture sur bâche entre en dialogue avec cette série. Tout comme le bois, il s’agit d’un matériau précaire omniprésent dans les abris précaires des personnes en mouvement. Créé par pochoir, un grillage apparaît à la surface. La picturalité est subtilement travaillée. Au premier coup d’œil, on pourrait croire que la bâche n’est que le support, avant de constater que la couleur est reconstituée grâce à une application minutieuse de nombreuses couches de peinture. La représentation derrière le treillis reste en suspens. Serait-ce la mer ? Ou le ciel ?—Pour son installation de moulage au sol, elle s’est inspirée du contexte de transformation du paysage près de la frontière américaine au XIXe siècle. Lors de la conversion du territoire en terres agricoles, les colons ont brulé les arbres des forêts, donnant naissance à l’industrie de la potasse. Ce minerai était extrait via l’ébullition des cendres avant d’être employé, parmi d’autres utilisations, dans la préparation de savon. Outre par les défricheurs, ce processus de transformation, toxique, était exécuté par les groupes en marge. Pour la réalisation de ses moulages en savon, elle a repris ce mode d’opération avec du bois ramassé dans les environs de la frontière. Symbole de nettoyage et d’effacement, l’artiste fait un lien avec ce qu’elle a ressenti à Calais, percevant que l’hygiène est instrumentalisée et peut être utilisée comme arme.—À travers une recherche de techniques expérimentales, notamment en impliquant son corps avec le moulage de son visage ou de ses souliers, ceux-là mêmes portés pendant ses résidences, elle a voulu que la matérialité de son travail fasse écho aux enjeux liés à l’immigration et à l’acceptation de l’autre depuis une approche métaphorique.
—JOANNIE BOULAIS
Originaire de l’Iran, l’artiste canadienne Aïda Vosoughi vit et travaille à Montréal depuis 2014. Elle est détentrice d’un baccalauréat en arts visuels (2006) et d’un certificat en histoire de l’art contemporain de Téhéran (2009) ainsi que d’une maitrise en arts visuels et médiatiques de l’UQAM (2025). Elle a réalisé des expositions individuelles au Canada, en France, aux Pays-Bas et en Iran. Son travail a également été présenté dans plusieurs expositions de groupe, notamment au Musée des beaux-arts du Canada. L’artiste est impliquée dans le milieu artistique, par exemple en tant que membre du conseil d’administration de Skol (2020 à 2023), membre du comité artistique d’Adélard (2022 à 2024) ainsi qu’au sein du comité organisateur de la Grande mobilisation pour les arts au Québec (2024 à aujourd’hui).
L’artiste tient à remercier le Conseil des arts et des lettres du Québec, Espace Adélard et Gauthier Melin, Alexis Lepage, Alexandre Bérubé et Omer Moussaly.