Geneviève Rocher
PRATIQUE ARTISTIQUE
L’artiste, selon Geneviève Rocher, témoigne de cette possibilité que nous avons, qui que nous soyons, de prendre conscience des contraintes, des empêchements ou des oppressions que nous rencontrons, pour ensuite trouver les moyens de les traverser sans leur offrir plus de résistance qu’il ne faut. Ne pas lâcher prise, mais ne pas opposer une force non plus à ces contraintes, empêchements ou oppressions, telle est la démarche de Geneviève Rocher depuis 1989, date à laquelle elle a délaissé la peinture, l’acrylique et la toile pour le dessin, la gouache et le papier, sans abandonner l’abstraction, la couleur, la structure du tableau et le grand format. Aujourd’hui, elle découpe ses supports, elle les plie et s’en sert parfois comme pochoir. Elle utilise aussi différentes qualités de papier dont le degré de transparence et les propriétés d’absorption font varier la tonalité des couleurs qu'elle emploie. Avec l’arrivée du numérique, elle a commencé à jumeler sa pratique et celle de la photographie. Femmes (2019) est la toute dernière œuvre réalisée dans cet esprit. En continuant de libérer ainsi le geste de peindre, elle espère témoigner métaphoriquement de l’acte de libération que nous sommes tous et toutes capables de poser, pour nous-mêmes d’abord et pour les autres ensuite, sans pour cela résister ou s’opposer aux contraintes dont nous avons pris conscience. Cette conquête toujours possible de la liberté, c’est d’abord et avant tout à travers le plaisir de voir qu’elle essaie de la transmettre. Ce qui guide l’œil dans ses œuvres, ce n’est pas tant la quête d’une signification à découvrir que le plaisir d’un va-et-vient incessant entre l’appréciation de l’ensemble et le plaisir de retrouver, pas-à-pas, les procédures de fabrication de cet ensemble et avec elles l’acte libératoire qui en est l’origine.
Née à Cambridge (États-Unis), Geneviève Rocher vit et travaille à Montréal. Figure marquante de la peinture abstraite féministe québécoise, Geneviève Rocher consacre sa pratique à une revalorisation des conditions matérielles, picturales et structurelles dépréciées par les systèmes de valeur dominants dans les arts visuels. Son travail met en lumière les connotations discriminantes, non seulement dans le choix des motifs, mais aussi plus sournoisement dans celui du médium, du matériau et des structures formelles. Au cours des dernières années, son travail a notamment été présenté à la Galerie B-312 à Montréal (2019), à la galleria La Nube di OOrt à Rome (2015), chez Occurence (2012) et à La Centrale Galerie Powerhouse (2010) à Montréal.