Paysages temporaires

FRANCINE DESMEULES

Paysages temporaires

  • Exposition
© Francine Desmeules, Galerie B-312, 2005.
3 novembre 2005 au 10 décembre 2005

La Galerie B-312 accueille dans la grande salle Paysages temporaires de Francine Desmeules. L’exposition rassemble une série d’images qui suggèrent d’emblée le paysage, soit par le format soit par le motif. Les supports et la matière sont très minces. Couleurs vives, noirs très denses et contrastes francs s’imposent d’abord. Rien n’est fixe, les images semblent avoir été faites pour exprimer un geste, un mouvement, à la fois parallèle et perpendiculaire à la surface des images. Mais des motifs surgissent, des pixels aussi. L’image est photographique. Francine Desmeules a saisi des paysages en mouvement. Les vitesses de déclenchement du rideau étaient assez lentes pour réduire le référent à des différences chromatiques qui ne cessent plus de s’enchevêtrer. En se dérobant ainsi, le référent laisse du coup la matière s’organiser autrement qu’autour d’un motif.—Alors un récit s’organise, un récit pour les yeux. Chaque image s’ordonne autour d’une tension à chaque fois différente entre des pôles qui s’opposent sans s’exclure. Par exemple, dans les grands formats la photographie convoque la peinture, mais le contraire est aussi vrai, quand un geste pictural apparaît dans le motif photograhique de la vitesse. Et puis, dans le dyptique réunissant ces deux images très sombres, l’œil prend lentement acte des nuances de gris, et finit par découvrir deux motifs photographiques qui dynamisent différemment les images, l’un incitant l’œil à creuser l’image, l’autre au contraire interdisant une telle possibilité. Comment dire ? Les opposés dialoguent, aussi bien dans les œuvres qu’entre elles : le sombre et le clair, la couleur vive et le noir profond, le défilement et l’immobilité, le creusement et la planéité, le motif et son effacement. Ces paysages temporaires surgissent en quelque sorte d’un dialogue primordial entre l’opiniâtre présence de la réalité et une incontournable sensibilité pour l’indéchiffrable.

—Jean-Émile Verdier et Émilie Renaud Roy