The Space Between the Seconds

Emilie Serri

The Space Between the Seconds

  • Exposition
© Émilie Serri—Photo : Guy L'Heureux

Originaire de Montréal, Émilie Serri est cinéaste, auteure-compositrice et artiste visuelle. Après des études en journalisme, elle obtient son diplôme en cinéma de l’Université Concordia. Elle termine présentement une maîtrise en arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal. Ses films sont construits sous la forme de poèmes visuels et se distinguent par leur univers sonore riche et personnalisé. Distribué par la société de cinéma expérimental à Paris, son travail a circulé dans de nombreux festivals tant au niveau national qu’international (France, Suisse, Grèce). Ses installations vidéos ont été montrées dans le circuit des galeries et des centres d’artistes au Québec et à travers le Canada. En 2012, elle a remporté le prix York University Award for Best Student Film au festival Images de Toronto.

22 février 2018 au 31 mars 2018

La rencontre équilibre l’errance. Croisement de deux altérités, elle accueille l’étranger sans le fixer, ouvrant l’hôte à son visiteur sans l’engager. Reconnaissance réciproque, la rencontre doit son bonheur au provisoire […].

 —Julia Kristeva

La Galerie B-312 a le plaisir de présenter The Space Between the Seconds, la plus récente exposition d’Émilie Serri, regroupant trois installations vidéo tirant leur genèse des questionnements de l’artiste sur ses origines syriennes. Comment s’inscrire dans une filiation en l’absence de référents directs à sa propre culture ? Comment embrasser ses origines à un moment où la guerre rend difficile, voire impossible, la recherche sur le terrain ? Comment s’identifier à une mémoire à partir du vécu, des histoires d’un autre ? Émile Serri aborde ces questions par le truchement des notions d’altérité, de disparition et de mémoire en interaction avec l’histoire — intime et collective — et de leur projection possible dans des espaces identitaires à la fois documentaires et imaginaires. Construits à partir de documents personnels et de films trouvés sur le web, ces espaces font converger ensemble la réalité et la fiction. Le montage sert d’écriture. Il crée des histoires, de l’Histoire. Par la juxtaposition de séquences, les vidéos d’Émilie Serri se construisent, à l’image de l’identité qu’elles tentent de décrire, de façon imaginée, tout en interrogeant, sous l’angle de l’« ailleurs familier », les dimensions psychologiques, sociales et politiques dont elles peuvent être porteuses. Son œuvre se développe à la manière d’un récit enchâssé dans l’univers cinématographique, un téléscopage où sa pratique et la recherche de ses racines se construisent ensemble, lui autorisant un regard fantasmé, sur et depuis ses origines. À titre d’exemple, l’œuvre R0G255B0 se présente tel un green screen monolithique et agit comme toile de fond à ces appréhensions identitaires où il est permis d’espérer tous les possibles. Elle suggère à la fois une présence par sa forme imposante et sa trame sonore narrant une expérience de la Syrie, mais également une disparition par ses possibilités techniques d’incrustation. C’est également, pour Émilie Serri, l’occasion de poser un commentaire sur la circulation, la fabrication et la véracité des images. 

– ISABELLE GUIMOND

1. Le green screen (tout comme le fond bleu initialement utilisé en cinéma) permet des effets spéciaux d’incrustation grâce à un au haut contraste avec la figure humaine.