Ceux qui ont connu un Armageddon savent sûrement qu’il vaut mieux ne pas en créer un autre

Jacinthe Loranger

Ceux qui ont connu un Armageddon savent sûrement qu’il vaut mieux ne pas en créer un autre

  • Exposition
© Galerie B-312—Vue partielle de l'exposition de Jacinthe Loranger

Jacinthe Loranger vit et travaille à Montréal. Elle a réalisé plusieurs expositions et résidences d’artiste à travers le Canada, la France et les États-Unis. Au cours des dernières années, son travail a notamment été présenté à La Maison des artistes visuels francophones (Winnipeg, 2015), à la Galerie FOFA (Montréal, 2015), à Engramme (Québec, 2016) et à la Galerie ODD (Dawson, Yukon, 2016). En 2016, elle fut également récipiendaire d’une bourse de recherche et création ainsi que d’une bourse de résidence au Manitoba du Conseil des arts et des lettres du Québec. Elle complète présentement une maîtrise en arts visuels à l’Université Concordia où elle reçut la bourse d’entrée de la Faculté des beaux-arts ainsi que la bourse Concordia University Graduate Fellowship. L’exposition qu’elle présente ici viendra clore son projet de maîtrise.

Jacinthe Loranger 

13 janvier 2017 au 18 février 2017

La Galerie B-312 a le plaisir d’amorcer sa saison 2017 avec Ceux qui ont connu un Armageddon savent sûrement qu’il vaut mieux ne pas en créer un autre*, la plus récente exposition de Jacinthe Loranger. L’artiste poursuit ses recherches sur la nature morte et les vanités en associant l’allégorie de la brièveté de la vie, de la mort et de la dégradation progressive des chairs, au kitsch, au fast food et plus généralement à notre mode de vie axé sur la consommation. Si dans les natures mortes de chasse traditionnelle, la violence du geste du chasseur est atténuée par la composition soignée, méditée et le raffinement pictural, ici il n’en est rien. La plupart des animaux qu’elle nous présente n’ont pas été tués pour se retrouver parmi les victuailles d’une table noble et foisonnante, il s’agit plutôt de morts accidentelles, de Roadkills. Elle choisit plutôt de jouer d’une esthétique bricolée, colorée et joyeusement débridée. La raclette prend le relais du pinceau. Le papier sérigraphié est transformé en palette de peintre dans la création de tableaux à mi-chemin entre le bas relief et le papier maché. Au sol, les installations de papier et les sculptures grandeur nature font le pont entre l’univers des tableaux et le nôtre. Le collage, ici, est à la fois technique de travail et moteur créatif permettant la superposition de matériaux, mais aussi d’images et d’icônes. Papillons enchaînés, portrait de théoriciens, cendrier avec mégots, hot dogs, mouches et corbeaux accompagnent les animaux morts dans un jeu de décalage où la question du sens s’entrevoit à travers la juxtaposition, la déconstruction et la reconstruction des signes sans hiérarchie des images. Le titre nous indique, non sans humour, que plusieurs fins du monde seraient possibles, mais qu’il serait tout de même souhaitable de les éviter !  

– ISABELLE GUIMOND


* Le terme Armageddon tire son origine du Nouveau Testament. Il s’agit d’un mont en Galilée où aurait lieu l’ultime combat entre le bien et le mal. L’expression est entrée dans le langage populaire pour définir toute situation risquant de se terminer de manière apocalyptique. La thématique a été grandement utilisée dans le cinéma hollywoodien.